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Lost Amnia, text #09


#09

Laudanum ôta gants et chapeau à voilette, libérant sa longue chevelure de feu et se laissa glisser telle une feuille morte, éreintée, sur son lit.

"Bonsoir."

Ténébos se tenait assis, tapi dans l'obscurité, l'observant discrètement.

"Bonsoir. M'attendais-tu ?"
"Oui...tu es bien matinale, l'obscurité recouvre à peine le ciel et te voilà déjà de retour d'un dîner mondain. Comment était ce ?"
"Plutôt divertissant je dois dire. Peux tu m'aider à retirer ses vêtements ? Ses accoutrements m'étouffent, je déteste porter ces déguisements !" se plaigna-t-elle, retirant ses escarpins qui lui meutrissaient la chair des pieds.
"Comment diable font-ils pour porter de tels instruments de torture à longueur de journée ? Ma peau n'est que douleur et ce corset m'écrase atrocement la poitrine. Crois-tu que les femmes se servent de cela pour palier à la laideur naturelle de leur corps de mortelles ?"

Il s'approcha d'elle, lui massant amoureusement la nuque et entama de défaire les laçages de son corset mais recula preque aussitôt.

"Tu étais accompagnée d'un homme. Je peux sentir son odeur sur toi !" Dit-il d'un air agacé.
"Je dois dire qu'il était de fort agréable compagnie et d'un goût exquis." Lui envoya-t-elle tout sourire narquois tandis qu'elle ôtait sa robe.

"Je vais prendre un bain, m'accompagnes-tu ?"

La sirène, nue, traversa la pièce jusqu'à la salle d'eau suivie par son compagnon qui se pressa de retirer ses vêtements. Ils plongèrent dans un bain de crème et il se hâta de lui laver le corps, impatient d'effacer cette odeur nauséabonde d'humain mâle qui s'était imprégnée à la surface de sa peau et qu'il considérait presque comme une violation de son territoire. Laudanum prenait plaisir à voir son amant ainsi irrité par l'idée qu'il n'était pas le seul à pouvoir profiter de sa voix et de son corps. A peine fini, il empoigna fermement les cuisses de sa compagne qu'il ramena vigoureusement à lui, la pénétrant violemment. Leurs jeux sexuels avaient pour habitude d'être assez vifs; et quel plaisir Ténébos pouvait ressentir chaque fois qu'il jouissait pleinement de sa chère concubine, l'entendant frémir de plaisir et siffler comme un oiseau au creux de son oreille pendant qu'il s'engouffrait en elle encore et encore et que ses mains redécouvraient chaque centimètre de son corps.

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Lorsque Junaled ouvrit les yeux, elle décida que cette nuit ne devrait pas être une de ces nuits qui l'anéantirait, lui briserait jusqu'à la moindre parcelle de courage qui lui restait. Elle chassa ses cheveux d'un revers de main comme pour repousser les paroles du vampire qu'elle avait entendues la veille et qui l'avait profondément boulversée. Son monde lui manquait horriblement. Que ne donnerait-elle pas pour entendre de la musique, chanter, danser, manger et boire quelques délices sucrés...que ne donnerait-elle pas pour retrouver simplement tous ces plaisirs qui remplissaient autrefois son quotidien. La jeune femme enfila une des plus belles robes qu'elle pu trouver et s'imagina si fort qu'elle pouvait entendre de la musique qu'elle se mit à chanter et à tournoyer dans la chambre, comme si elle venait d'être conviée à partager la danse d'un jeune homme au milieu d'une salle de bal. Son imagination mêlée à son besoin de réconfort pouvaient presque entendre les notes naître du frottement délicat de l'archet sur les cordes d'un violon.

Lorsqu'il ouvrit doucement la porte, rempli d'appréhension par l'incertitude dans laquelle il retrouverait June, Ténébos découvrit avec suprise la jeune femme en train de danser, et de chanter, les yeux fermés, ses bras fouettant l'air. Peut être était-ce une des caractéristiques qui l'avait séduit chez elle ; la grâce et la finesse de son corps de danseuse. Il l'observa quelques secondes, heureux de la voir ainsi revivre puis s'approcha d'elle en un claquement de doigts. Junaled reconnut l'odeur de son vampire, ne daigna même pas ouvrir les yeux et se plongea simplement dans ses bras continuant de virevolter à travers la pièce, il dansa avec elle, rempli d'affection de la voir ainsi si pleine de vie. Ils tournèrent encore et encore jusqu'à s'écrouler sur le lit, la tête remplie de vertiges.

"J'aimerais tant pouvoir vivre." murmurra-t-elle, un large sourire se dessinant sur son visage.
Ses mots résonnèrent comme des coups de marteau dans le coeur du vampire qui se sentit remplit d'une grande tristesse. Il se redressa, amena la jeune femme à lui et l'embrassa doucement sur les lèvres.

"Tu ne connaîtras pas le même sort que celles qui t'ont précédé. Je te le promets."

Elle sentit de la sincérité dans sa voix. Même s'il restait une bête de part sa nature vampirique, il n'en ressentait pas moins des sentiments sincères à son égard. Cette fois elle en était persuadée. Elle enlaça son bienfaiteur dans ses bras et l'embrassa dans le cou, ce qui le fit frémir d'excitation. La serrant fort contre lui, il sentit son coeur battre la chamade contre sa poitrine et cette sensation, devenue telle une drogue, lui donnait, l'espace d'un court instant, l'impression de sentir son coeur mort revivre à nouveau.

Tout en lui caressant les cheveux, il ajouta : "Demain je te ferais sortir d'ici."


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Constantinople et Lysse ayant pour habitude de chasser ensemble, avaient ramené avec elles, une classe de jeunes vierges étrangères de passage dans les environs et leur accompagnatrice que la sirène avait séduite pour les enfermer dans une pièce moisie et poussiéreuse du manoir attendant patiemment que le soir ne tombe pour entamer leur festin.
C'est Arguès, le meneur, qui eu le privilège d'entrer le premier et de choisir celle qui lui servirait de collation. Les vierges paniquées, tremblantes, étaient compressées les unes contre les autres dans un recoin de la pièce, cherchant désespérement à comprendre ce qui allait leur arriver. Il s'approcha, les dévisagea une par une comme un troupeau de bétail avant de porter son dévolu sur une jolie blonde vénitienne, qui n'était surement pas sans lui rappeller sa compagne. Il la saisissa brutalement à l'épaule et bien qu'elle lutta et cria de toutes ses forces pour rester blottie contre les autres, elle se retrouva immobilisée, courbée vers l'avant, la nuque fermement maintenue à portée du visage du vampire, ses pieds frôlant à peine le sol.

"Régalez vous !"

Tour à tour, ils entrèrent dans la pièce, à l'exception de Ténébos, absent, se jettant sans pitié sur les jeunes femmes qui hurlaient de peur. Constantinople en attrapa une quelle plaqua au sol avant de lui dévorer avec voracité la chair des bras et des cuisses. Peu importe que celle-ci fut encore vivante, cela ne faisait pas vraiment partie des préocupations de la sirène. Lysse et Abysse s'amusaient comme deux chats avec leur souris faisant rebondir leurs pâles victimes entre leurs griffes acérées, leur lacérant les entrailles. Calyte et Scytion en séduire quelques unes et Gorgophonée et Dilloyse abusèrent de leur silhouette d'enfant pour les charmer avant de se repaître à leur tour. Arguès, satisfait du spectacle qui s'offrait à ses yeux, planta ses crocs dans la chair tendre de sa jeune prisonnière et bu tant qu'il put. Malgré ses incessantes supplications à l'épargner, la malheureuse trouva rapidement la mort, allongée sur le sol parmi les cadavres de ses anciennes camarades. Laudanum, quant à elle déjà repue, se contentait simplement d'observer la scène.

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