Hollywood Dolls

#25

June se réveilla en sursaut et en nage, complètement retournée par ce cauchemar atroce qui venait de hanter sa nuit. Elle s'empressa de palper son dos pour s'assurer qu'elle n'était nullement blessée avant de constater que Ténébos n'était plus à ses côtés. Et bien que tout ceci n'avait été qu'une suggestion horrible de son esprit, elle pouvait presque sentir la douleur de ses muscles déchirés entre ses omoplates. Elle massa rapidement sa peau pour essayer de faire disparaître cette sensation de douleur irréelle et enfila une tenue légère mais rien n'y fit.

- Est ce que tu as mal quelque part ?

Elle recula soudainement en arrière, découvrant brusquement qu'elle n'était pas seule. Une petite blonde surgissant du fond de la pièce, s'avança vers elle. Son visage cerné d'anglaises paraîssait jeune presqu'encore adolescent et son corps flottait au milieu d'une magnifique robe de velours indigo.

- Moi on m'a laissé mourir de faim et vidé de mon sang et je peux te dire que cela fait très mal.

La silhouette vint s'assoir timidement sur le bord du lit, questionnant Junaled du regard, qui soupsonnant quelque chose d'étrange et d'inexplicable mais non dangereux, essaya doucement d'atteindre la main de la très jeune femme ; celle-ci ne se stoppa pas au contact de sa peau et passa littéralement au travers comme si tout cela n'était qu'une fois de plus le fruit de son imagination.

- Qui es tu ?

- Je m'appelle Amélia. Je vivais ici il y a bien longtemps. Je dormais là où tu dors, précisément, aux côtés du même homme.

- Tu connaîs donc Ténébos ?

Le fantôme, subitement très à l'aise, se laissa crouler sur le lit, les bras derrière la tête, le regard perdu dans le vague...

- Je l'ai bien connu à une époque. Mon coeur avait rapidement succombé à son charme et...

...puis se retourna, s'allongeant de tout son long dans la direction de June, posant son menton sur ses mains et balançant ses jambes dans le vide telle une gamine.

-...nous étions amants. Tu as beaucoup de chance d'être ainsi autant aimée. Tu sais j'aurais tout donné pour vivre ce que tu vis.

June attendrie, voulut lui caresser les cheveux mais une fois de plus sa main passa à travers la silhouette vaporeuse d'Amélia.

- Racontes moi s'il te plaît ?

- J'ai tout gâché. répondit-elle en faisant la moue.

- Comment ça tout gâché ?

- A vrai dire je ne sais pas, au début il semblait très amoureux, il n'avait de cesse de me dire à quel point je comptais pour lui mais le temps passant il s'est éloigné de moi. Pourtant je t'assure que j'ai toujours fait ce qu'il me demandait, et Dieu sait qu'il y a des choses que je n'aimais vraiment pas. Est ce qu'il t'a déjà demandé...

Amélia se redressa et s'approcha si près de June qu'un frisson glissa le long de son dos. Elle susurra au creux de l'oreille la fin de sa question. Junaled en resta perplexe, ne sachant que répondre ; sa façon de parler très franche était déroutante et lui rappelait qu'au delà de son apparence juvénile elle n'en démeurait pas moins une femme, non une jeune fille malgré sa petite taille.

- C'est quelque chose qu'il apprécie beaucoup.

- Pourquoi dis tu qu'il s'est éloigné de toi ?

- Il venait me retrouver à chaque tombé de nuit, pas une fois il ne m'a fait défaut et j'étais si heureuse de le voir franchir le pas de cette porte mais par la suite, il ne venait plus aussi souvent. Je lui ai demandé ce que j'avais fait de mal mais il m'a remit à ma place prétextant que je n'étais pas le centre de son monde. Tu sais toi où j'ai failli ? T'a t il jamais parlé de moi ?

- Non...je suis désolée...

- Les autres non plus n'ont jamais pu me répondre.

- Les autres ?

- Oui toutes celles qui m'ont suivi. Je crois qu'il n'a même jamais évoqué une seule fois mon nom en leur présence...ajouta-t-elle tristement.

- Sont elles nombreuses ?

- Oh oui mais elles ne veulent pas venir te parler, je crois qu'elles sont un peu jalouses. Tu sais moi je n'ai rien contre toi. Tu n'y es pour rien si nous avons échoué mais elles sont très méfiantes maintenant, il faut les comprendre.

June était profondément émue par les paroles d'Amélia, tant de candeur et de naiveté...elle se demanda un court instant comment Ténébos avait pu ainsi la rejetter, elle qui semblait lui être aveuglement dévouée et faire preuve d'une grande douceur. Mais elle s'était promis de l'accepter tel qu'il était dorénavant avec cette part de lui qu'elle détestait viscéralement. Malgré tout elle était contente de pouvoir converser avec le fantôme. Elle était la seule ici qui n'ai pas eut d'office d'intentions destructrices à son égard et bien qu'elle n'avait surtout jamais voulu savoir jusqu'ici ce qu'avait enduré celles qui l'avait précédé, c'était peut être pour elle l'occasion ou jamais de comprendre un peu plus les obsessions de son amant et elle était bien plus forte mentalement dorénavant.

- Racontes moi encore. J'aimerais en savoir plus.

- Hum...que te plairait-il de savoir ?

Elle hésita quelques secondes jugeant qu'il était peut être inconvenant d'en parler ainsi aussi directement mais la curiosité fut plus forte.

- Oserais-je te demander de quelle manière es tu morte ?

- Tu sais je n'ai pas vraiment envie d'en parler.

- Je comprends mais je crois que j'ai besoin de savoir. Ténebos ne m'a jamais parlé d'aucune d'entre vous, il s'y est toujours refusé mais toi tu peux le faire, tu peux te confier, me raconter tout ce que tu veux...j'ai réellement besoin de savoir.

Amélia lui sourit touchée par l'affection mêlée de malaise dont June semblait faire part à son égard.

- ...si tu le veux vraiment...

- Oui.

- Une nuit il m'a simplement dit qu'il s'était lassé de moi et que je l'ennuyais, il n'est jamais revenu. Je l'ai supplié plusieurs jours, je voulais qu'il me donne encore une chance, qu'il me dise ce que j'avais mal fait mais il a juste claqué la porte et je ne l'ai jamais revu. J'ai eu beau lutter de toutes mes forces, priant à chaque instant pour qu'il me revienne ce ne fut pas le cas et je ne pouvais pas quitter cette pièce, je ne savais pas précisément ce qu'il y avait là bas mais Ténébos m'avait si souvent mise en garde que je ne pouvais que craindre le pire. Quelques jours plus tard, à bout de force et affamée, c'est l'un d'entre eux qui est venu mettre un terme à mon calvaire en vidant mes veines de toute trace de sang.

June s'en voulut d'avoir fait rejaillir de pareils souvenirs. Le visage d'Amélia semblait soudainement se déconfir, son teint était plus livide encore. Elle serra fort les poings et se releva.

- Il faut que je parte.

- Attends...reviendras-tu me voir ? J'aimerais beaucoup qu'on puisse à nouveau discuter toutes les deux.

- Peut être. Je vais y réfléchir...mais s'il te plaît ne lui dit pas que je suis venue, il serait furieux s'il savait.

- De qui parles-tu ? De Téné...

Et avant que June n'eut pu terminer sa question, Amélia s'était totalemet dissipée dans les airs. Alors Arguès tapis dans l'obscurité d'un coin de la pièce sourit pleinement satisfait avant de disparaître à son tour et de la laisser seule. Elle n'avait pas sentie sa présence. Comment l'aurait-elle pu ?

"Ce n'est que le début." murmura il à lui même.