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Posted by KentrunK
Wednesday, April 21, 2010
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#23
Si ses escapades nocturnes vampiresques à répétition lui permettaient de se nourrir, Ténébos dut admettre qu'elles ne lui permettraient pas à contrario de retrouver pleinement son humanité qui se consumait chaque jour un peu plus depuis sa transformation. Il pensa que le fait d'en garder une de façon permanente à ses côtés créerait des liens pour l'aider à retrouver ce qu'il était en train de perdre. Le choix ne se faisait pas selon des critères précis, elles pouvaient être de tous âges ou de toutes raisons sociales, il fallait que leurs visages, leurs corps le séduisent et lui parlent, parfois même qu'un simple détail accroche son regard, il fallait qu'elles suscitent simplement son désir. Amélia fut la première d'une longue lignée. Elle était à peine majeure lorsqu'elle croisa Ténébos. Sa beauté restait classique mais cette petite blonde mince et délicate au visage d'ange dégageait une forte impression d'innocence et de naiveté qui le captiva. Il pensa cette nuit là qu'elle pourrait être celle qui réveillerait son coeur. Et même si pour Junaled les sentiments n'avaient pas été présents dès le départ et qu'il avait sentit malgré tout qquechose de bien différent chez elle, pour Amélia et toutes celles qui la suivèrent, ce ne fut pas le cas.
A son arrivée au manoir, profitant qu'elle était endormie, il l'enferma dans une vieille cellule partiellement moisie et rouillée, perdue quelque part dans les sous sols abandonnés ou seuls le vent et les rats perduraient. L'existence d'un tel endroit au sein de cette deumeure luxueuse n'avait jamais été expliquée mais tous avaient pensé que l'ancien propriétaire devait se livrer à d'étranges traffics ou loisirs en dépit de sa réputation d'homme noble dans tous les sens du terme. Il prévint Arguès de ses intentions, ce qui laissa son aîné tant surpris que peu joyeux vis à vis des projets qu'envisageait son frère ; l'idée d'une humaine cachée parmi eux n'étaient pas pour le réjouir, lui qui avait fait le choix pour tous de vivre principalement à l'écart du monde des humains mais il ne voulait pas se montrer trop imposant envers Ténébos, sachant à quel point celui-ci tolérait mal son autorité. Bien qu'il n'appréciait pas la façon de se comporter de son frère et qu'il se posait beaucoup de question quant aux répercutions qu'aurait cette détenue sur leur vie, il acquiesa à condition que celle-ci ne quitte jamais sa chambre et encore moins le manoir vivante, auquel cas il ne pourrait empêcher Constantinople d'en faire ce que bon lui semble. Il ne pouvait pas lui imposer une telle chose et n'en avait aucunement envie par ailleurs et il n'aurait qu'à s'arranger lui même avec Laudanum. Ce qu'il fit l'instant suivant, il hésita un temps sur la façon dont il se confierait à elle à propos du sujet qui l'occupait. Elle ne comprit pas réellement sur le moment pourquoi il se sentait presque soucieux à l'idée de fréquenter une humaine de plus puisque c'était là quelque chose qu'il avait toujours fait et qu'elle acceptait parfaitement, faisant de même de son côté même si ses jeux restaient plus sages. Pour elle, que l'humaine soit ici ou ailleurs, cela n'y changerait rien. Il fut donc soulagé et heureux que cela ne l'affecte aucunement et revint voir Amélia un peu plus tard, lorsqu'elle fut pleinement réveillée et que la peur eût gagné son corps tout entier. Il se présenta alors à elle comme une âme protectrice et attentionnée. Elle se laissa immédiatement et très facilement manipuler, tenant à garder la vie sauve et Ténébos fut presque surpris de la facilité avec laquelle il arriva ensuite à obtenir de la jeune femme tout ce qu'il souhaitait. Les semaines passant, il lui mentait constamment, lui faisant croire elle était importante pour lui et qu'il vieillerait sur sa personne. Il savait parfaitement comment l'effrayer pour qu'elle soit suffisamment docile. Amélia de son côté s'était rapidement amourachée du vampire, persuadée que ses belles paroles étaient sincères. Elle accomplissait sans mot dire ses quatre volontés et attendait chaque nuit qu'il ne la rejoigne. Alors à ce moment là comme à l'accoutumé elle s'offrait à lui et le laissait faire ce qu'il voulait d'elle, perdant parfois toute fierté dans les actes humiliants à ses jeunes yeux qu'il lui demandait de réaliser pour son simple plaisir à lui.
"Que dirais tu de partir quelque temps ensembles ?"
"Partir ? ... voyager ?"
"Oui, nous pourrions agrandir nos horizons et voir de nouveaux paysages."
A ces mots son regard s'illumina, un large sourire se dessina sur son visage pendant qu'elle le regardait avec amour et qu'elle faisait tourner ses mèches blondes entre ses doigts. Ténébos n'en pensait absolument rien. Il prenait simplement plaisir à lui inventer n'importe quelle histoire pour s'amuser de ses réactions et bien que ce n'était pas la première fois qu'il la menait en bateau, la très jeune femme ne pouvait s'empêcher de ressentir une telle joie lorsqu'il lui parlait d'aventures ensembles. Elle était belle, fragile et sensuelle à la fois et même si ses discours n'étaient faits que de vents, il appréciait grandement d'être accompagné d'une si jolie créature éphémère qui lui était totalement dévouée. Il aimait le goût de sa peau et son parfum naturel.
"Ce serait formidable ! Où irions nous ?"
"Hum je ne sais pas... partout où tu le souhaiterais."
Lui répondit il tout séducteur qu'il pouvait être. Alors Amélia redoubla d'affection, le calinant et le comblant toujours davantage sans aucune retenue. Il connaissait si bien les mots qu'il devait lui dire en ces circonstances et peu importe la façon cruelle dont il la manipulait, tant qu'il y prenait du plaisir, il n'avait selon lui aucune raison de s'en priver. Et parfois le jeu pouvait aller loin. Une fois de plus elle avait sincèrement penser qu'elle voguerait sur les océans à ses côtés, sa naïveté étant grande et facile à leurrer. Elle s'était même faite la plus belle possible le lendemain soir pensant qu'ils partiraient sur le champs. Et une fois de plus il avait inventé une vague excuse, prétextant un contre temps et qu'ils devraient reporter ce projet à plus tard, concluant sa tirade d'un grand sourire pour la charmer. Elle s'était laissée glisser sur un fauteuil, déçue, dans sa longue robe en velours indigo, son coeur ayant la sensation de se briser sur le moment tant elle y croyait. Mais prenant sur elle, elle retrouvait aussi vite sa joie de vivre pour ne pas risquer d'entâcher son bonheur à lui, elle l'aimait trop pour cela.
Et bien que les semaines défilaient toujours un peu plus et malgré ses tentatives, rien ne venait, aucune émotion, aucun frétillement, au delà du plaisir physique, son coeur démeurait désespérement insensible tant à la douceur qu'à la dévotion complète de sa toute jeune compagne. Il ne retrouvait ni l'angoisse, la peur, l'amour, l'appréhension et l'excitation comme un humain pouvait les ressentir. Plusieurs fois il la délaissa le temps d'une nuit, n'étant pas particulièrement enthousiaste à l'idée de la voir se coller contre lui et le couvrir de mots doux une fois de plus. Il se lassait d'elle.
"Pourquoi n'es tu pas venu hier ? J'étais si inquiète. Je t'ai attendu..." lui dit elle serrant ses mains dans les siennes, se pressant contre son corps.
"...mais..."
Il retira sèchement ses mains de son emprise, la coupant net.
"J'étais trop occupé." Lui répondit il simplement sur le ton le plus neutre possible.
Elle fronça les sourcils, inquiète, se demandant pourquoi d'un seul coup il semblait si distant, lui qui réclamait toujours ses faveurs.
"Aurais-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?"
"Pourquoi tout devrait tourner autour de toi ?"
Elle se sentit blessée par ses propos froids.
"D'ailleurs j'ai d'autres choses autrement plus urgentes à régler, nous nous verrons demain."
Elle le regarda quitter la pièce sans même lui lancer un dernier regard, un dernier sourire ou geste comme il avait pour habitude de le faire chaque fois qu'il la laissait seule. Quelque chose avait changé. Quoi ? Elle ne saurait le dire, elle avait pourtant fait tout ce qu'il désirait, n'avait jamais désobéi ou même marqué une quelconque réticence face à ses attentes. Alors les jours suivants, elle redoubla d'effort, tantôt caline tantôt catin, essayant de le reconquérir comme elle pensait l'avoir fait les premières fois. Et même s'il pouvait encore à l'occasion être tendre et doux avec elle, le fait était qu'il prenait de la distance, ses absences se répétant de plus en plus fréquemment et tout cela la rendait profondément triste. Un soir qu'il était prèsent à ses côtés elle essaya de comprendre quelles étaient les causes de ce changement.
"Pourquoi te désintéresses tu de moi ainsi ? Il me semble pourtant tout faire pour que tu sois satisfait."
"Je crainds fort m'être lassé de toi."
Elle prit ses paroles en plein visage telle une violente claque, comment pouvait il lui dire de telles choses aussi facilement sans paraître triste ou affecté d'une quelconque façon que se soit.
"Non je ne crois pas. A vrai dire j'en suis même sûr. Tu m'ennuies."
Et alors qu'il s'apprêtait à l'abandonner brusquement une fois de plus, elle se jetta presque sur lui, tombant à genoux, le suppliant du regard de ne pas la délaisser ainsi mais il paraissait s'en moquer éperduement. Visiblement sa tristesse à elle, aussi grande fut elle, ne le troublait absolument pas, elle eut même la sensation que cela l'agaçait ce qui la plongea dans l'incompréhension la plus totale. Alors elle fondit en larmes, cherchant désespéremment à quel moment elle avait tout gâché, persuadée une fois de plus que tout cela venait d'elle. Il en trouva la situation tant ridicule qu'il ne put dès lors ni supporter davantage sa présence, ni même un seul de ses regards dans sa direction. Le charme était rompu. Il fallait qu'elle disparaisse maintenant et vite. Il ne revint jamais la voir, passant tout son temps aux côtés de sa sirène qui savait si bien consoler ses déceptions. Amélia se mourrant de faim, mais demeurant bien trop terrorisée par ce qu'elle pourrait découvrir derrière la porte, le supplia plusieurs jours durant, jusqu'à n'avoir plus assez de forces pour pouvoir tenir debout. C'est Arguès, n'en pouvant plus de l'entendre ainsi crier et mourir à petit feu, qui prit sur lui d'achever sa vie pendant qu'il demandait à son frère de creuser un trou au fond du jardin. C'est ainsi que le rituel pris forme et même si, chaque fois suivante, Arguès s'était montré plus dur et les autres plus curieux, Ténébos prolongea inlassablement sa quête, ne pouvant simplement pas admettre l'échec et se persuadant qu'il finirait par trouver un jour celle qu'il lui conviendrait.
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Se remémorant ces souvenirs, il regarda June avec affection, baladant sa main sur son dos nu mais ne put s'empêcher de penser l'instant suivant à Laudanum. Que faisait-elle en ce moment ? Où était elle ? Tant de questions qui commençait à obséder son esprit. Son absence lui manquait terriblement.
De son côté Laudanum s'apprêtait à sortir, elle songeait elle aussi à son ancien amant, se demandant à son tour ce qu'il pouvait bien faire à cet instant précis. Elle n'avait jamais été opposée au fait qu'il fréquente d'autres femmes, mais elle n'avait jamais songé qu'il pourrait un jour s'éprendre de l'une d'entre elle. Et le seul fait d'y repenser faisait augmenter sa colère, alors elle quitta sa chambre en claqua violemment la porte, essayant d'oublier bien vite ces idées pour se concentrer uniquement sur ce qu'elle avait à faire cette nuit.
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