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Lost Amnia, bonus text #01



(Les textes bonus ne sont pas indispensables pour la trame principale de l'histoire et permettent de détailler certains moments précis et d'en apprendre plus sur les personnages)
Bonus #01

"Tu souhaitais me parler ?"
"Oui, entres et fermes la porte s'il te plaît."

Arguès, debout au centre de la pièce qui lui faisait office de bureau, faisant face à la fenêtre, se retourna et l'espace de quelques secondes eut le souffle coupé par la vision de Marianne dans sa longue robe de satin pourpre. Elle était resplandissante.

"Tu es...magnifique !"
"Merci. Je dois rejoindre Ténébos et participer à une oeuvre de charité. J'espère que ma tenue est à la hauteur de l'évènement." Lui dit elle tout sourire aux lèvres, heureuse que son fiancé ne lui accorde un peu plus de temps désormais.
"Je n'en doute pas une seconde, tu en feras surement jalouser plus d'une." rétorqua-t-il, souriant à son tour avant de recouvrer à nouveau cet air sérieux qui le caractérisait si bien.

"Puis-je te poser une question ?"
"Bien sur. Je t'écoute."
"Pourquoi aimes tu mon frère ?"
"Pardon ?"
"Pourquoi l'aimes-tu ?"
"...je ne suis pas sûre de bien comprendre..."

Marianne sembla très surprise par cette question. Habituellement, elle parlait peu avec Arguès. Bien qu'elle le considérait déjà comme un membre de sa famille à part entière et qu'elle appréciait sa compagnie, il l'intimidait beaucoup et elle avait toujours peur de ne pas être suffisamment intéressante à ses yeux. Ne sachant sur quel sujet de conversation le lancer, elle le laissait la plupart du temps entamer la discussion. Les parents de la jeune femme, de part leurs obligations professionnelles, vivant loin du domicile familial, l'avait autorisé à séjourner chez son fiancé en attendant leur mariage afin qu'il puisse garantir sa sécurité et l'aîné leur promettant que son honneur resterait intact jusqu'au moment où leur union serait officialisée et pourrait être consommée.

"Es tu attirée par son physique avantageux ou une qualité bien précise chez lui ?"

Elle ne sut pas réellement quoi répondre qui pourrait satisfaire sa curiosité.

"Si tu avais déjà éprouvé de l'amour pour une personne, tu saurais qu'il est impossible de répondre à cette question." lui répondit-elle à nouveau souriante, espérant ne pas le froisser avec cette vague réponse.

Il la saisit par les épaules, l'air grave.

"Ne crainds tu pas, une fois mariée, qu'il te trompe plus d'une fois et qu'il te délaisse ? Et je ne l'imagine même pas devenir père, il est bien trop immature pour cela. Jamais il ne pourra t'apporter la sécurité et la stabilité que demande une famille."
"Pourquoi me dire de telles choses ? Je sais que Ténébos est loin d'être le gentleman qu'il laisse paraître, je ne suis pas si crédule, néanmoins il a toujours été très respectueux et tendre avec moi."
"Sois lucide Marianne, mon frère est volage, prétentieux, narcissique et égoïste. La seule personne qui l'intéresse réellement en ce monde c'est avant tout lui et lui seul."

La jeune femme sentit une boule naître dans son ventre. Pourquoi lui disait-il toutes ces choses cruelles.

"Tu te trompes. Je sais qu'il fera tout ce qui sera nécessaire pour que notre couple soit heureux. L'homme que je connais n'a rien à voir avec la description que tu viens d'en faire."

Arguès se demanda si en prononçant ces mots, elle n'essayait pas avant tout de se persuader elle-même que tout irait pour le mieux.

"Moi je saurais prendre soin de toi, t'apporter toute l'attention que tu mérites."

Elle en resta bouche bée, n'étant pas sûre de saisir la portée des mots qu'elle venait d'entendre.

"Ténébos n'est pas le seul coeur de cette maison que tu ais ravi."
"Je...je l'ignorais."

Jamais elle n'aurait pu imaginer qu'Arguès l'aimait lui aussi. Il était de nature si impassible.

"Je l'ai toujours caché au mieux par respect pour mon frère."

Elle se sentit profondément génée par cette situation qui la mettait soudainement très mal à l'aise.

"Je suis désolée, mon coeur est déjà pris et cela ne pourra changer."
"Tu serais tellement plus heureuse avec moi. Je t'en conjure, réfléchis y sérieusement."

Il se montra un peu trop insistant à son goût. Elle recula lentement vers la porte mais il prit ses mains dans les siennes, l'invitant à s'avancer au centre de la pièce. Elle les retira aussi sec, se braquant et continua de faire marche arrière. Sans qu'elle puisse comprendre comment, il se retrouva la seconde suivante appuyé contre la porte, lui ôtant toute possibilité d'esquiver ce moment délicat. Stupéfaite, elle bondit en arrière, sa respiration s'acceléra. Quelque chose d'horrible brillait dans son regard, quelque chose qu'elle n'avait jamais vu par le passé. Il s'approcha à nouveau d'elle, lui caressa doucement le visage puis l'embrassa sur les lèvres tout en glissant sa main droite sous sa jupe. Marianne partagée entre dégoût et appeurement, tenta de se débattre. Rien n'y fit. Alors elle essaya de tourner la tête pour qu'il cesse de l'embrasser. Sa main se glissa à l'intérieur de sa culotte, entre ses cuisses et s'en fut trop pour la jeune femme qui dans un élan de colère cria et le repoussa violemment en arrière. Il fut tant ébahi par sa réaction que malgré sa grande force, il chavira en arrière, se cognant la tête sur un recoin du bureau. Portant sa main à sa tempe, il remarqua que la plaie saignait. A la vue du sang sur ses doigts, une impression de haine et de colère démeusurée gagna ses yeux. Marianne totalement paniquée, compris dès lors que la situation ne pourrait que mal finir. Elle tenta de s'échapper en courant vers la porte et en appelant à l'aide aussi fort qu'elle le put mais le vampire lui agrippa une cheville et la jeune femme tomba à la renverse. Vexé et blessé d'être ainsi repoussé tel un monstre alors qu'il s'ouvrait à elle, il apposa ses mains sur son cou et serra tant qu'il put.

"Puisque tu ne peux m'appartenir, tu n'appartiendras à personne !"

La jeune femme fut atterrée de voir que l'homme qu'elle considérait comme un ami allait mettre fin à ses jours. Ses yeux n'avait de cesse de lui envoyer des "Pourquoi ?" d'incompréhension. Par instinct de survie, elle martela son torse de coups sachant pertinamment que cela ne servirait à rien mais l'instant suivant, la vie avait déjà quitté son corps, ses bras retombèrent lourdement sur le sol et son regard fut rempli d'un vide sans fin. Réalisant par quelle folie passagère Arguès s'était laissé possédé, il se recroquevilla dans un coin, découvrant soudainement toute l'ampleur épouvantable de son acte. Il venait de tuer la femme qu'il aimait après avoir tenté d'abuser d'elle. Comment cela avait il pu se produire ? Lui qui était si droit, si respectueux et qui faisait preuve d'un sang-froid à toute épreuve et comment allait il annoncer cela à Ténébos, que lui dirait-il ? Autant de questions et de sentiments qui le boulversaient littéralement.

Quelques heures plus tard Ténébos entra précipitamment dans le salon.

"As tu vu Marianne ? Elle devait me rejoindre mais personne ne l'a vu, je suis inquiet !"

Arguès ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Son regard triste et désabusé n'était pas pour rassurer son cadet.

"Où est elle ?" demanda hativement celui-ci qui venait de comprendre que quelque chose de grave s'était déroulé en son absence.

Son frère lui indiqua simplement la direction de sa chambre. Ténébos s'y précipita pour découvrir subitement le corps sans vie de sa promise. Il se stoppa net ne pouvant croire ce qu'il voyait. Il s'approcha et se jetta à genoux, lui caressant le visage et les cheveux.

"Non, non non NON NON NONNNNNNNNNN !"

Il pris le corps de la jeune femme encore chaud dans ses bras qu'il serra si fort. Les larmes coulèrent le long de ses joues et Arguès qui assistait à la scène eut si mal pour ce qu'il venait de commettre et pour la douleur immense qu'il infligeait à son frère comme à lui même.

"Peut être qu'en la mordant..."
"C'est trop tard. Son sang t'empoisonnerait. Il n'y a plus rien à faire..."

Il le laissa seul un instant et retourna dans le salon. Secouant doucement son verre, il regardait le liquide sirupeux du whisky danser, se contentant d'humer son arôme et essayant de ne plus penser à rien. Ténébos le rejoignit et s'assit à ses côtés.

"Que s'est-il passé ?"
"Je l'ai tué..."
"??"
"Elle est entrée comme une furie dans mon bureau me disant qu'elle avait découvert notre secret et qu'elle irait dès le lever du jour en faire part aux autorités. Elle n'arrêtait pas de répéter que nous étions des démons et que Dieu ne pouvait tolérer cela. Je n'avais pas le choix, nous aurions été brûlés...Je suis sincèrement désolé..."
"Marianne ne nous aurait jamais compromis de la sorte...je ne peux pas te croire..."
"C'est pourtant la vérité."
"Elle n'aurait pas fait quoi que se soit qui puisse nous mettre en danger, je suis sûre qu'elle aurait même compris."
"Ouvres les yeux et ressaisis toi Ténébos, nous n'avons plus rien d'humain, nous sommes devenus des bêtes qui se nourrissent de leur sang. Comment crois tu que réagirait n'importe qu'elle personne, famille, amie, un tant peu saine d'esprit si elle venait à le découvrir ?"

Le jeune vampire marqua un temps d'arrêt, dévisageant du regard son aîné à la recherche d'une faille dans l'expression de son visage, persuadé que les choses ne s'étaient pas déroulées comme l'entendait son frère.

"Ne l'aurais-tu pas plutôt tué parce qu'elle t'aurait repoussé ?"
"Non...Non ! Où vas tu imaginer pareilles choses. Jamais je ne me serais permis de lui ou te porter préjudice. Tu le sais, je ne suis pas ce genre d'homme."

Ténébos plongea simplement sa tête dans ses bras, profondément triste et boulversé par la perte de la femme qu'il aimait et marmona à voix basse :
"Qui essayes-tu de convaincre ?"

Arguès n'en dit pas davantage. Jamais personne ne sut réellement ce qui s'était passé. La honte et les regrets de s'être ainsi laissé emporté ne le quitta jamais et même Constantinople nu jamais vent de ces actes qu'il refreina au plus profond de lui même, se persuadant presque avec le temps que la version qu'il avait donnée était bien celle qui avait eue lieu.

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