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Lost Amnia, bonus text #02



(Les textes bonus ne sont pas indispensables pour la trame principale de l'histoire et permettent de détailler certains moments précis et d'en apprendre plus sur les personnages)
Bonus #02

Tout était question de contradiction chez Marianne. Au premier regard on pouvait immédiatement déceler une grande fragilité et sensibilité chez cette jeune femme qui savait indéniablement faire preuve d’une grande force mentale dans les moments les plus difficiles. Elle semblait très cartésienne mais souvent son esprit vagabondait ça et là dans des contrées inconnues et imaginaires. Sa beauté d’apparence traditionnelle cachait en réalité un corps svelte et des courbes d’une grande douceur. C’était une très belle femme la plupart du temps emmitouflée dans des vêtements trop conventionnels.

En apparence donc elle n’avait rien pour séduire Ténébos, elle n’était pas de ses femmes qu’il avait pour habitude au choix de côtoyer, séduire ou chevaucher bien qu’il pouvait les aimer de rangs sociaux et de styles très différents, certaines caractéristiques dominantes revenaient régulièrement et on ne peut pas vraiment prétendre qu’elles se rapprochaient de Marianne. Pourtant la première fois que Ténébos la croisa au détour d’un salon de thé il fut touché par un petit geste simple ; ses joues s’étaient légèrement empourprées quand ses yeux avaient croisés les siens. Ce n’était là qu’une bagatelle sans importance qu’il pouvait lire sur beaucoup de visages féminins lorsqu’il en était à proximité mais combiné à l’expression qu’il avait pu lire à ce moment précis dans ses yeux bleus gris l’atteignit particulièrement. Il ne s’était malgré tout pas attardé sur la demoiselle et avaient continué de vaquer à ses occupations.

Ce n’est que la seconde fois, lorsqu’il la croisa à nouveau dans ce même salon de thé, qu’il choisit de l’aborder. La jeune femme avait aussitôt reconnu le jeune homme lorsqu’il avait franchi le seuil de l’entrée mais ne semblait pas lui avoir prêté plus d’attention que cela. Elle se tenait debout face à un portrait qui semblait beaucoup l’intriguer et bien qu’elle avait parfaitement noté qu’il venait dans sa direction elle avait fait mine de ne pas s’en rendre compte. Il s’était arrêté juste derrière elle, observant sa nuque dénudée que ses cheveux attachés en un chignon chaotique dévoilaient. D’un geste doux, il souffla légèrement pour remettre en place une mèche rebelle. Elle ferma les yeux, se laissant gagner par le frisson de ce souffle chaud sur sa peau. Le verre du cadre qui renfermait la photo renvoya à Ténébos l’image de la demoiselle appréciant ce premier contact. Alors il vint se placer à ses côtés faisant mine d’admirer lui aussi le portrait tandis qu’il jetait de petits coups d’œil furtifs dans sa direction. Elle sourit puis rit au bout de quelques secondes.

Marianne était un havre de paix tant dans la vie que dans le cœur de Ténébos. Sa présence suffisait pour qu’il se sente paisible et retrouve le goût des plaisirs simples. Avec elle il oubliait l’homme pédant et vaniteux qu’il pouvait être, et la superficialité du monde dans lequel il évoluait. Bien qu’elle fut elle aussi issue de famille noble, la jeune femme avait le don d’éveiller ce qu’il y avait de meilleur en lui et sollicitait beaucoup sa compagnie qu’elle appréciait grandement. Malheureusement le jeune homme quelque peu déboussolé par cette relation et non enclin à renoncer malgré tout à sa vie de mondain ne lui accordait que peu de temps. Ses visites étaient rares et trop courtes pourtant chaque fois qu’il franchissait le seuil de la maison familiale il pouvait sentir cette sérénité inexpliquée gagner son corps tout entier. Après un an de jeux amoureux, il réalisa à quel point il connaissait finalement si peu Marianne qui lui apportait tant d’apaisement et dont il pouvait difficilement imaginer aujourd’hui sa vie sans la sentir à ses côtés. Et pour la première fois il sentit de la culpabilité de ne pas avoir su lui donner jusque là, la place qu’elle méritait dans leur couple. Alors voulant remédier à cela, c’est tout naturellement qu’il demanda sa main. Bien que quelques rumeurs circulaient à l’époque, le père de Marianne appréciait beaucoup Ténébos, il avait toujours trouvé cet homme respectueux et tendre envers sa fille et il suffisait de lire dans leurs yeux pour voir à quel point ces deux là s’aimaient très fort. Marianne avait pleuré d’émotion et Ténébos s’était sentit simplement heureux sans fioriture ni autre excessivité qui aurait pu rendre ce moment surfait comme la plupart des instants qu’il vivait.

Ce n’est que peu de temps après qu’il apprit que ses nombreuses liaisons cachées et sa négligence lui avait transmis une maladie infectieuse ; une maladie vénérienne appelée syphilis et bien que dans les premiers temps, médicalement bien entouré, il avait gardé espoir d’en sortir guérit il dut rapidement se résoudre au fait que la maladie était déjà trop développée et que l’issue finale mais tragique était inévitable. Malgré tout il ne pouvait se résoudre à l’annoncer à sa fiancée et annuler son mariage ; Imaginer le visage de Marianne en pleurs lui était trop insupportable.

Pourtant un soir d’orage qu’il se sentit perdu, il alla trouver du réconfort auprès de sa promise. Si
Ténébos s’était laissé paraître arrogant et de marbre devant son frère, Marianne avait, elle, découvert un homme anéanti, se laissant aller jusqu’à pleurer devant elle. Elle n’avait su comment réagir mais avait parfaitement compris que quelque chose de terrible avait du lui arriver et tout ce qu’elle pu lui apporter cette fois ci lui parût bien mince comme réconfort bien qu’elle redoubla d’effort pour être la plus douce et la plus attentive possible. Il était resté silencieux et avait passé une partie de la nuit allongé sur le sofa, la tête sur ses genoux pendant qu’elle caressait ses cheveux. Au petit lever, gêné de s’être ainsi laissé allé devant elle et de l’avoir fortement inquiété pour des erreurs qu’il avait lui seul commises et dont il ressentait presque étrangement à ses yeux une certaine honte, il s’excusa pour ce moment d’égarement, prétextant qu’il s’était sentit mal mais que cela ne se reproduirait plus. Marianne avait eu du mal à le croire mais il semblait à nouveau si sûr de lui qu’elle choisit finalement de ne pas s’inquiéter outre mesure.

Une semaine plus tard, il renaissait sous la morsure d’Arguès pour devenir ce qu’il était aujourd’hui ; une âme damnée, condamnée à ne devenir qu’une bête demeurant toujours dans l’ombre. Et bien que dès les premières aubes, cette nouvelle vie lui était apparue comme une véritable bénédiction il déchanta rapidement, comprenant au prix de quels sacrifices cette nouvelle existence serait possible. Mais par-dessus tout pour le moment il se sentait raminé d’une flamme au plus fort de son éclat, heureux de pouvoir tenir ses engagements auprès de Marianne, bien qu’il ignorait encore qu’il ne pourrait jamais lui donner de descendance. Peu importait, après tout n’était il pas heureux et n’était ce pas ce qui comptait le plus ? Il lui suffisait de l’imaginer déambulant dans sa longue robe blanche pour que les pensées noires et doutes ne se dissipent immédiatement.

Quelques jours à peine après que lui et son frère ne soient devenus maudits, les parents de Marianne durent se déplacer en urgence dans une région du globe éloignée pour leur commerce. Marianne vivrait dans sa future résidence en attendant le jour de leur union et Arguès promit qu’il veillerait tant à sa sécurité qu’à ce que son honneur reste intact jusqu’au jour J. L’aîné des deux avait la réputation d’un homme droit, infaillible en toutes circonstances alors les parents de Marianne n’hésitèrent pas une seconde. Mais ce qu’Arguès n’aurait pas pu prédire était qu’à son tour il se sentirait très rapidement conquis par la jeune femme tant et si fort qu’elle deviendrait presque immédiatement une véritable obsession qu’il se devrait de cacher au mieux par respect pour son frère qu’il chérissait plus que tout bien que celui-ci eut aisément deviné la supercherie .

Marianne avait bien noté des changements s’opérer sur l’homme qu’elle aimait, cette façon que ses yeux avaient de refléter d’un rouge profond la lumière du jour, et cette habitude à se coucher étrangement de plus en plus tardivement pour ne presque plus vivre que la nuit. Il ne mangeait guère plus mais paraissait toujours plus fort et vigoureux. Et son corps était froid, pourtant il l’avait maintes fois serré contre elle sans jamais qu’elle ne remarque ce détail auparavant, il lui sembla même à un moment que son cœur avait cessé de battre mais elle s’était rapidement dit qu’elle avait simplement du rêver. Comment aurait-il pu en être autrement.

Avec cette seconde chance qui lui était offerte, Ténébos s’était promis de consacrer plus de temps à sa promise. Même s’il n’avait pas renoncé à ses aventures nocturnes et à sa personnalité excentrique, il réalisa quel plaisir c’était de s’effacer un peu pour l’entendre rire, chanter et la voir ainsi sourire jusqu’à cette nuit tragique ou tout prit brutalement fin. Comment Arguès allait-il annoncer la nouvelle à ses parents dès leur retour et quel mensonge devrait-il inventer concernant les circonstances de sa mort ?

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