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Lost Amnia, text #15


#15

La seconde fois que Constantinople rencontra Arguès, chez elle, elle fut touchée par le présent qu'il lui offrit pour la remercier de son hospitalité; une magnifique plume de Paon, animal que la sirène admirait beaucoup pour sa robe naturelle très colorée. Elle l'avait simplement glissé dans leur conversation de la veille entre deux sujets n'ayant aucun rapport mais il avait attentivement noté ce petit détail. Quelque peu impressionnée par l'apparence imposante de son invité, ses joues s'empourprèrent légèrement et elle lui sourtit discrètement en signe de remerciement ; la démonstration affective n'étant pas son fort. Il le remarqua et ne put s'empêcher à son tour de lui adresser un sourire poli mais gentillement moqueur pendant qu'il prenait la liberté de glisser la plume délicate dans sa chevelure pour qu'elle puisse s'admirer dans un des miroirs de la pièce. Au fil des nuits, Arguès prétextant toujours accompagner son frère pour assurer sa sécurité, bien que celui-ci venait précédemment depuis des mois et seul, ils apprirent à se connaître, discutant longuement, perdus au coeur des jardins somptueux de la résidence à l'écart de toute menace. La sirène n'ayant jusque là jamais cotoyé d'autre démon était très curieuse à son attention, elle lui posait souvent moult questions sur ce qu'il était et ce qu'il ressentait. Arguès, appréciant beaucoup sa compagnie mais réservé, eu du mal à s'ouvrir à elle dans les premiers temps, pour finalement plus tard réussir à se confier sans presque plus aucune retenue ou gène et il appréciait grandement de pouvoir être naturel avec elle, lui qui s'était si souvent sentit freiné et désapprécié pour sa droiture maladive et son austérité. De nuit en nuit un lien fort les lia, d'abord une amitié loyale et exclusive pour laisser place peu à peu à des sentiments plus prononcés. La belle appréciait l'assurance, la puissance et le calme apparent de son ami qui semblait rester stoïque en toute circonstance et la bête s'éprenait peu à peu de cette belle femelle cruelle aux yeux brillants qui lui témoignait intérêt et affection et à travers laquelle il se reconnaîssait pleinement.

Un soir parmi tant d'autres, qu'il la rejoignait entre les massifs fleuris, il entendit au loin une conversation qui le fit frémir; deux hommes, apparemment partagés entre horreur et dégoût, étaient sur le point de commettre un acte irréparable. Constantinople, entêtée, s'était entichée de chasser une des nouvelles bonnes à la tombée de la nuit, car c'était là un de ses plus grands plaisirs qu'elle avait bien du mal à refreiner. Elle pourrait toujours prétexter que la demoiselle ne s'était pas acclimatée à ses nouvelles conditions de travail, préférant démissionner rapidement. Mais peu prudente, entièrement accaparée par le festin qu'elle faisait du corps de sa victime, elle s'était laissée surprendre par deux autres domestiques qui eux n'avaient pas manqué de se charger d'une carabine. Alertés par des mois, des années de questions sans réponse et d'inquiétudes grandissantes envers leurs maitresses, ils découvraient aujourd'hui toute la monstruosité de l'une d'entre elles. Bien que les pires craintes aient pu traverser leurs esprits jamais ils n'auraient pu imaginer assister un jour à un tel spectacle. Et alors qu'elle était à genoux dans l'herbe, dévorant la jeune femme qu'elle avait traquée comme un prédateur traque sa proie puis tuée, le sang ruisselant sur son menton, dans son cou et jusque ses seins, la carabine appuyée sur son front, la détonation prête à retentir à travers les airs sans même qu'elle ait eu le temps de fredonner quelques vers pour charmer ses ennemis, un épais brouillard sortit de l'obscurité la plus profonde recouvra la scène, soulevant et frappant sur son passage, mortellement plusieurs fois les deux malheureux en quelques secondes à peine. La sirène, paralysée, qui pensait son heure venue par son imprudence et son effronterie à ne jamais respecter les règles de survie imposée par son aînée, eu cette nuit là la vie sauve par son confident. Car si Ténébos n'avait à l'origine que peu d'intérêt pour sa nouvelle condition de vampire, Arguès lui s'y était particulièrement intéressé de suite, faisant de lui une bête terrifiante et bien plus forte que son frère cadet ne l'était au départ, malgré son tout aussi jeune âge. De cette nuit de vie épargnée, elle s'abanddonna à lui, le choisissant comme amant unique et ne le quitta plus jamais.


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Je me meurs, ce lieu empoisonne mes pensées petit à petit, il pénètre au plus profond de mon esprit pour en effacer les souvenirs et j'oublie leurs noms, leurs visages...finirais-je par m'oublier moi même ?

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