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Lost Amnia, bonus text #04



(Les textes bonus ne sont pas indispensables pour la trame principale de l'histoire et permettent de détailler certains moments précis et d'en apprendre plus sur les personnages)
Bonus #04

Le matin suivant, Arguès se coucha sans qu’il puisse effacer Marianne de ses pensées. Il ne pouvait s’empêcher de songer à ce qu’il se serait produit si Ténébos n’était pas arrivé à cet instant fatidique où tout aurait pu basculer. Tout en s’allongeant dans son cercueil matelassé de sa terre d’origine pour qu’il ne régénère ses forces, il passa presque instinctivement sa main dans son pantalon ; Il était en érection et chaque fois qu’il faisait glisser son pénis durcit au creux de sa main, il imaginait son corps caresser frénétiquement celui de la jeune femme ; pouvant presque sentir la douceur de sa peau contre la sienne. Alternant les mouvements, vigoureux puis modérés mais prononcés, il jouit rapidement, laissant échapper un long soupir de plaisir et de satisfaction pendant que son autre main sous la délicieuse douleur de l’orgasme se contractait, creusant le bois de sa prison.

Il s’essuya rapidement avec son mouchoir pour le rouler en boule dans une de ses poches. Il allait pouvoir se reposer l’esprit soulagé, du moins c’est ce qu’il pensait. Mais chaque nuit suivante fut comme un poison qui se répandait et brûlait dans ses veines et ses plaisirs solitaires n’apaisaient plus son esprit que trop brièvement. Il avait de plus en plus de mal à contenir sa jalousie, ce qui le déboussolait ; lui doté d’une maîtrise de soit imparable, comment pouvait ainsi en venir à imaginer mille scénarios possibles où il évincerait son frère pour pouvoir s’accaparer sa promise. Il se détestait pour avoir de telles pensées et mis ça sur le compte de sa nouvelle condition de vampire qui décuplait autant ses nouvelles capacités que ses émotions, le mettant ainsi à rude épreuve pour ne pas perdre la face.

Ténébos, de son côté redécouvrait sa fiancée, il allait enfin apprendre à la connaître, connaître ses goûts, connaître ce qui la faisait pleurer ou chavirer. Il se réjouissait de chaque mimique, chaque expression qu’il pouvait lire sur son visage comme s’il les observait pour la première fois. Mais ce moment de renouveau et de bonheur fut de courte durée, Arguès dans sa colère incontrôlable mettant brutalement fin à la vie de celle qui remplissait le cœur des deux hommes.

Les jours qui suivirent son décès, Ténébos plongea dans un mal-être profond, cherchant désespéramment à combler ce vide insupportable que Marianne avait laissé derrière elle. Il aurait tout donné pour pouvoir remonter le temps d’une nuit seulement. Et rien pour lui n’était plus inacceptable que de bénéficier de facultés hors du commun sans pour autant qu’elles lui furent d’une quelconque utilité. A quoi bon demeurer éternellement s’il fallait endurer la mort de chacun de ses proches sans pouvoir y faire quoi que se soit. Les premiers jours il resta totalement isolé, ne voulant voir personne, puis il reprit son train de vie excentrique tombant toujours plus dans l’excessivité : plus de femmes, plus de sang mais rien, absolument rien n’était capable de le réconforter. Tout ce qu’il lui restait était les robes et un portrait peint de la femme qu’il avait aimée et qu’on lui avait retirée précipitamment et ces tissus étaient noyés par les larmes qu’il versait à chaque aube réalisant à son réveil son absence.

Arguès, quant à lui, était devenu véritablement exécrable ; sa tristesse se transformant en haine, haine qu’il avait besoin de diriger vers quelqu’un. Il semblait presque prendre un malin plaisir à rabaisser son cadet, sous entendant que si elle était morte c’est qu’il avait failli à son devoir d’homme, trop accaparé et trop lâche pour assurer convenablement sa sécurité, l’accablant et accroissant ainsi son mal-être. Il avait pris le temps de construire toute une histoire fictive pour diriger les autorités vers une impasse, évitant par la même occasion que des soupçons ne pèsent sur leurs personnes et que trop de curiosité ne révèle ce qui devait rester caché à tout prix. Il leur avait conté qu’un intrus avait été aperçu sur leur propriété et qu’il avait très probablement surpris Marianne, qui souffrant d’insomnies avait pour habitude de profiter de l’air frais de la nuit pour se détendre et trouver le sommeil. La malheureuse s’était probablement débattue lorsque ce dernier voulant profiter de pareille occasion s’en était pris à elle mais ils avaient tous été alertés trop tardivement et le temps qu’ils n’arrivent sur place, le drame était survenu et le criminel enfuit. Les autorités s’étaient laissé leurrer, ils n’avaient aucune raison d’en douter et rien ne laisser supposer que tout cela n’était que mensonge. Les domestiques s’étaient étonnés de la nouvelle car à leur connaissance personne n’avait rien vu mais aucun ne s’était permis de remettre en cause cette histoire estimant que ce n’était là pas là leur rôle et qu’ils paieraient au prix de leur place leur langue trop bavarde.

Et c’est l’aîné en tant que chef de famille qui dut annoncer la triste nouvelle aux parents de Marianne, dès leur retour de voyage, rabaissant sans retenue son frère qu’il estimait coupable de négligence tandis que celui-ci présent à ce même instant, se perdait en regrets et en confusion, les regards noyés de tristesse et de colère qui le dévisageaient ne lui laissant aucun répit ; Arguès s’était excusé car il s’était personnellement engagé à veiller sur elle mais il avait pensé par la suite que c’était davantage le rôle de son frère et que cela pourrait être mal interprété, du moins c’est ce qu’il voulu faire croire pour se décharger de toute faute. Le père de Marianne, entièrement d’accord avec ce dernier, avait lancé à son gendre le regard le plus accusateur qu’il ait vu à ce jour, le rendant pleinement responsable de cette tragédie et lui suggérant poliment de ne plus guère jamais croiser son chemin. Il n’était plus le bienvenue dans leur demeure familiale, devenant par la même occasion pire qu’un étranger : un paria pointé du doigt et maudit pour son incompétence.


« Pourquoi t’acharnes-tu donc ainsi autant sur moi ? Etait ce vraiment nécessaire de me faire passer pour le plus incapable et le plus fuyard des hommes ? Est-ce par esprit de vengeance ? Parce que de nous deux tu es celui qui n’aurais jamais pu l’épouser ? »
« Cesses ce discours infantile s’il te plaît. Je ne fais que dire la vérité. Peut être que si tu avais été un véritable homme pour elle, nous n’en serions nous pas là aujourd’hui ? »
« Et en quoi le fait d’être selon toi un véritable homme aurait changé quoi que se soit puisque tu prétends l’avoir tué pour notre survie ? En quoi mon comportement aurait-il pu modifier le cours des choses ? »
« Si tu t’étais montré responsable et que tu avais annulé ce mariage et éviter cette comédie, elle serait toujours des nôtres ! »
« Une comédie ?! Tu t’imagines que tout cela n’était qu’une comédie pour me distraire ? Je l’aimais, figures toi et tu n’as pas le droit d’en douter ! Je l’aimais bien plus qu’aucune de ces putes qui écartent leurs jambes quand je m’approche d’elle ! »
« Tu deviens vulgaire…alors peut être que si elle avait pu te voir sous ton véritable jour elle aurait rapidement fuit. »
« Je vois que tu trouves un certain plaisir à m’envoyer tous ces propos au visage. Quoiqu’il en soit tu restes pour moi seul responsable. »
« Crois-tu un seul instant que j’ai pu en arriver à un tel acte par plaisir ?! Ne retournes pas la situation contre moi, je te l’ai dit je n’avais pas le choix. »
« C’est ce que tu prétends… »

Et Ténébos bouscula violemment Arguès de l’épaule qui se tenait sur son passage avant de quitter de suite la pièce.

La seule fois où Arguès avait tenté d’exprimer ses sentiments, même si bien maladroitement il s’était fait tant rejeter qu’il abandonna toute idée de devenir cet homme plus décontracté et moins solitaire qu’il rêvait d’être. Jamais il ne pourrait oublier l’expression qu’il avait lue sur le visage de Marianne après avoir perdu tout contrôle et tenté d’abuser d’elle. Cette honte innommable qu’il essaya de garder enfouie le plus profondément possible pour l’oublier le rendit plus dur encore et Arguès choisit plutôt de se consacrer désormais à ses nouvelles capacités au profit de ses relations avec les humains qu’il finit petit à petit par rejeter de plus en plus fermement, son principal contact avec eux hors de sa propriété restant les fois où il avait choisit d’accompagner son frère lors de ses sorties par crainte qu’il ne commette une quelconque erreur mettant en danger leur vie.

Une voix au fond de Ténébos n’avait de cesse de lui répéter qu’Arguès n’avait pas totalement tort. S’il avait été plus présent dès le début pour elle, les choses ne se seraient peut être pas déroulées de la sorte et il pourrait continuer d’apprécier sa tendresse et ses sourires aujourd’hui. Alors il laissa couler et prit sur lui d’endosser le rôle du responsable tel qu’on le désignait depuis le début. Il fallu attendre quelques temps suivants qu’il ne rencontre Laudanum pour qu’il retrouve cette envie de vivre comme l’homme tumultueux et fougueux qu’il était mais le vampire avait commencé à changer de manière irréversible.

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