Hollywood Dolls

#16

Rappel :
Elle en resta boulversée, c'était la première fois qu'elle le voyait ainsi, démuni, malheureux, totalemet mis à nu physiquement comme psychologiquement, loin de l'homme exhubérant et affabulateur qu'il pouvait être. Elle le serra dans ses bras pour le consoler.

"Ne pourrions-nous pas être ensembles ailleurs, n'importe où sauf ici ?"




Il se releva péniblement et attrapa les quelques vêtements qui trainaient au sol d'un geste nonchalant pour se couvrir.

"J'ai des affaires à régler, je serais de retour rapidement."

June l'observa, attristée de le voir ainsi abattu, elle pouvait presque ressentir sa douleur au fond de son propre coeur. Avant qu'il ne la quitte elle glissa sa main dans la sienne puis l'enlaça dans ses bras tout en l'embrassant amoureusement . Il remit en place une mèche de cheveux qui glissait sur son front et lui fit un léger sourire maladroit avant de sortir. Se laissant glisser sur une chaise, contrariée, elle pensait au fait qu'elle devait être mentalement solide pour deux le temps qu'il retrouve son enthousiasme naturel. Cela ne serait pas simple, elle devait déjà lutter pour elle même et il était responsable aussi bien de ses plus grandes joies que de ses plus grandes peines. Combien de fois avait eu eu autant envie de se blottir contre lui que de le repousser violemment et combien de fois avait-elle eu autant envie de vivre que de mourir. Alors pourquoi se devrait être une fois de plus à elle de prendre sur elle et d'atténuer sa peine, alors qu'elle avait déjà renoncé à presque toute liberté pour lui. Simplement parce qu'elle l'aimait comme elle n'avait jamais aimé un homme par le passé et cela lui apparaissait de plus en plus clairement. Elle se demandait ce à quoi il avait bien du renoncer pour elle et se sentait coupable quelque part de son malheur bien qu'il ne lui ai jamais rien demandé.

Décidée à se détendre pour l'instant, elle se prélassa un long moment dans un bon bain chaud parfumé, puis s'abandonna sur le canapé à dévorer quelques bouquins, vêtue d'une simple chemise rose semi transparente et une paire de bas qui glissaient délicatement sur ses chevilles.

Il revint en milieu de nuit chargé entre autre d'un grand carton. Elle s'arrêta net, le questionnant du regard. Il posa ce qu'il portait sur le coin du bureau, l'invitant à le rejoindre et lui demandant de fermer les yeux.

- J'ai un cadeau pour toi.
- Un cadeau ?
- Je tenais à m'excuser pour ma maladresse de la veille. Je n'ai pas imaginé la peine que cela pourrait te causer de te retrouver à nouveau parmi les tiens. Je n'ai pensé qu'égoistement à ce sourire que je pourrais lire sur tes lèvres sans penser aux conséquences.

Junaled ne dit mot, cette blessure était trop fraîche en elle. Il lui avait fait le plus beau cadeau empoisonné qu'il lui était possible de faire, la faisant constamment osciller entre amour et désespoir. Elle aurait tout donner pour revivre un tel moment à ses côtés sans être condamnée à revenir ici ensuite.

Il sortit ce que contenait le carton et guida sa main jusqu'à l'objet. Au contact, elle sentit quelque chose de dur, métallique et froid et promena sa main sur la surface lisse pour en deviner les contours. Profitant qu'elle gardait les yeux fermés, il la dévisagea, appréciant sa tenue légère qui laissait parfaitement entrevoir ses seins. Il aurait aimé à ce moment précis, la déshabiller et promener ses mains et ses lèvres sur sa poitrine tout en se glissant entre ses cuisses mais il chassa rapidement cette idée pour rester concentré sur la surprise qu'il lui réservait. Elle n'était pas ce genre de femmes qu'il avait autrefois si souvent fréquentées et chéries et il ne la forcerait pas ; elle était trop importante maintenant pour qu'il prenne le risque de la perdre. Il attendrait donc.

La jeune femme sentit que la situation lui échappait. Hésitante, elle s'arrêta quelques instants essayant de deviner ce qu'il faisait mais il se glissa derrière elle et l'embrassa doucement dans le cou tout en amenant sa main à un autre endroit de l'objet. Cette fois pas de doute, elle reconnut immédiatement un gramophone. Elle ouvrit les yeux pour vérifier ; elle ne s'était pas trompée. L'instrument était magnifique, un caisson en bois exotique surmonté d'un plateau tournant et d'un pavillon doré en forme de jonquille, le tout dans un état de conservation impressionnant pour son âge.

- J'ai pensé que tu aimerais pouvoir écouter de la musique à ta guise et comme je sais que tu apprécies particulièrement les objets anciens, je n'ai pu m'empêcher de penser qu'il était fait pour toi quand je l'ai vu dans la vitrine d'un antiquaire, à la lueur de la lune.

C'était un magnifique présent bien au delà de ce qu'elle aurait pu concevoir. Il ne pouvait imaginer le bonheur que c'était pour elle de pouvoir retrouver un peu de ce qu'elle chérissait tant avant et qui lui manquait cruellement. Et il y avait désormais dans cette pièce quelque chose qui lui appartenait pleinement. En guise de remerciement elle lui fit un large sourire.

Mais cette envie qu'il avait de la saisir au creux de ses bras et de la dévêtir pour profiter de son corps restait collée à son esprit comme une obsession. Il ne put à nouveau s'empêcher de regarder avec intensité ses cuisses, ses hanches et ses seins. Quelque chose dans ses yeux brillait plus qu'à l'accoutumé renforçant l'éclat rougeâtre qu'ils renvoyaient. Elle le remarqua et sembla flattée qu'il puisse l'admirer avec une telle envie. Mais elle lui en voulait trop et elle haissait ce lieu par dessus tout. L'idée de partager leur amour dans cet endroit lui était presque insupportable. Elle les imaginait aux aguets comme des chiens derrière la porte pendant qu'ils feraient l'amour et cela lui donnait presque la nausée. Malgré tout il semblait avoir du mal à réfreiner sa nature face à elle et c'était bien la première fois. Elle pouvait presque l'entendre grogner à distance. Ténébos essaya de se ressaisir ; pas question pour lui de céder, pas question non plus de planter ses crocs dans sa peau pour se nourrir ; elle avait bu son sang et cet échange mettrait immédiatement fin à sa vie pour la transformer en vampire, ce qui n'était pas envisageable pour lui. Un court instant elle en fut presque mal à l'aise, la pensée qu'il pourrait lui faire mal ne lui avait plus traversé l'esprit depuis longtemps, d'ailleurs elle s'était presque toujours sentie en sécurité avec lui, depuis cette nuit où il était venu la libérer de ce cachot putride dans lequelle elle s'était retrouvée enfermée, même si elle avait eu l'impression de n'être qu'une jolie décoration à ses yeux dans les premiers temps.

Il recula de quelques mètres, essayant de lutter contre lui même. Elle voulut le rejoindre mais il tendit son bras et sa main, paume ouverte, dans sa direction.

- Restes où tu es !!

Il était clair qu'il était perturbé, et que quelque chose l'avait profondément affecté pour qu'il ne soit aussi déboussolé. Elle essaya de faire abstraction de tout cela pour lui donner le temps de se reprendre et mis le gramophone en marche. Les premières notes qui s'en échappèrent résonnèrent en elle comme un second souffle et cela sembla par ailleurs le calmer. Elle fredonna quelques mots tout en battant la mesure du bout des doigts tel un chef d'orchestre dirigeant ses musiciens. Il revint vers elles quelques instants plus tard. Elle hésita à faire quoi que se soit craignant de réveiller quelque chose en lui qu'il pourrait avoir du mal à maîtriser mais il lui fit comprendre que le malaise était passé alors elle se réfugia contre lui tout en fermant les yeux pour savourer la musique et apprécier pleinement ce moment. Et Ténébos lui cacha cette vision horrible de son corps mort jonché par dessus ceux de toutes ces précédentes concubines qui s'était imprégnée dans sa tête quelques secondes auparavant.