Hollywood Dolls

#19

Les nuits défilaient jour après jour et Ténébos s'enlisait doucement dans sa tristesse, perdant un peu plus pied, passant tout son temps aux côtés de Junaled et ne s'absentant que très brièvement pour ne lui apporter que ce dont elle avait besoin. Il essayait d'être le plus tendre possible avec elle et de garder bonne figure pour ne pas l'affecter mais elle devinait parfaitement sa douleur qui s'accumulait à la sienne de le voir ainsi anéanti, luttant contre lui même pour garder un semblant de joie en apparence. A chaque aurore il s'endormait à ses côtés, s'affaiblissant toujours un peu plus. Elle ignorait totalement comment le pousser à reprendre le dessus et n'avait aucune idée de ce à quoi il avait du dire non pour elle mais cela ne l'aidait pas à diminuer la cuplbalilité qu'elle pouvait ressentir chaque fois qu'elle y pensait. Et même si toute cette attention à son égard la comblait quelque part de joie, elle aspirait plus que tout à retrouver l'homme enthousiaste et exhubérant qu'elle connaissait.

Arguès était plus que jamais inquiet lui aussi de cette situation. Et bien que jusque là la vie de Junaled ne lui était d'aucun intérêt ni d'aucune importance et qu'il avait toujours averti Ténébos que sa seule présence ne suffirait pas à lui épargner la vie s'il venait à la croiser, il voulait aujourd'hui la voir en personne pour se faire un avis de la situation et prendre les mesures qui s'imposaient.

Un court moment que Ténébos s'était absenté, il choisit de la renconter...

"Je découvre finalement l'humaine qui a envoûté le coeur de mon frère."

Elle se retourna, sursautant au son de sa voix, l'apercevant à quelques mètres d'elle seulement. Comment était-il entré ? A quel moment précis ? Elle l'ignorait complètement, elle n'avait pas vu la porte s'ouvrir ni même bouger ne serait ce que l'espace d'un instant mais le fait était qu'il se tenait bien présent face à elle. Son visage strict et grave n'avait ni la beauté ni la douceur et le charisme de Ténébos. Ses cheveux étaient longs, épais et d'un gris foncé et ses yeux profondément marqués libéraient une férocité naturelle qu'il valait mieux ne pas chatouiller. June fut choquée et abasourdie par son entrée foudroyante et inexpliquée et la peur refit surface en elle. La dernière fois qu'elle avait rencontré l'un d'entre eux, elle avait finie partiellement défigurée. Sans attendre, elle recula doucement prête à esquiver s'il ne tentait quoi que se soit mais la seconde suivante il se trouva à quelques centimètres à peine d'elle, lui aggrippant violemment les poignets et les maintenant douloureusement au creux d'une seule main. Elle fit la grimace et tenta de se débattre mais c'était peine perdue d'avance.

"Tu es plutôt jolie. Je ne suis pas surpris, Ténébos a toujours eu bon goût en matière de femmes même s'il n'a pas toujours fréquenté les plus raffinées d'entre elles."
"Que me voulez-vous ?"
"A toi rien mais je désirais voir de mes propres yeux celle qui avait poussé Laudanum a se séparer de l'homme qu'elle aimait en dépit des nombreuses qui t'avaient précédé."

June sembla hésitante ; Laudanum, séparation, tout cela ne lui évoquait absolument rien.

"Voilà une information que visiblement tu ignorais." lacha-t-il tout sourire moqueur aux lèvres s'attendant précisément à cette réaction de sa part.
"Ténébos ne t'as donc apparemment jamais dit qu'il était sentimentalement marié à une voluptueuse créature qui l'accompagne depuis plus d'un siècle et demi. Tu as beau être belle je ne pense pas que tu puisses rivaliser avec elle et je doute qu'il ne l'accepte encore bien longtemps étant donné son état actuel."

Bien qu'elle eu la sensation d'une main imaginaire lui serrant le coeur en entendant ces quelques mots, elle ne voulut pas perdre la face et prit sur elle de ne pas réagir mais elle fronca les sourcils comme pour lui faire comprendre qu'il n'était pas nécessaire d'essayer de la provoquer. Alors Arguès enchaîna sur tout autre chose.

"Sais-tu comment à fini celle qui vivait ici avant toi ?"

Elle ne voulait surtout pas l'entendre ni rien savoir à ce sujet. Elle tenta une seconde fois de lui échapper plus vigoureusement, criant sous la douleur de ses poignets que sa main de fer lui écrasait. Elle ne pouvait pas lutter contre sa force surnaturelle. Son visage passa alors de la contrariété à la tristesse mêlée d'appréhension à l'idée de ce qu'elle risquait de découvrir.

"Alors écoutes bien ! Les deux premières nuits nous ne l'avons pas entendu, elle semblait calme mais la troisième, lorsqu'elle comprit qu'il ne reviendrait jamais, la panique et la faim la tiraillant, elle hurla de tous ses poumons le plus longtemps possible, le suppliant à travers ses pleurs de revenir vers elle, tambourinant des heures durant la porte pendant que lui profitait des faveurs que lui offrait sa compagne de toujours. Elle choisit finalement de se donner la mort en se pendant au lit à baldaquin à la levée du jour suivant. Crois-tu qu'il lui avait avoué ses sentiments à elle aussi ?"

Elle était horrifiée par ce qu'elle venait d'entendre.

"Imagines-là désemparée, les poumons brûlants à force de le supplier pendant qu'il prenait du plaisir quelques pièces à côté seulement et quel désarroi devait la remplir ? Penses-tu que les choses seront différentes pour toi ?"
"Lâchez-moi !"

Il l'agrippa par la nuque, plaquant son visage tout contre le sien.

"La seule raison pour laquelle tu vis encore est parce que Ténébos me l'a demandé. Réfléchis donc à ce que je pourrais te faire endurer s'il venait à s'affaiblir tant qu'il en serait réellement en danger et qu'il ne pourrait plus te protéger !"

Sur ce il la relâcha brusquement la faisant tombée à la renverse et quitta la pièce. Elle tenta de calmer sa respiration. Ténébos allait revenir d'un instant à l'autre et elle aurait avoir bien du mal à contrôler toute la colère et la déception qu'elle ressentait à son égard. Arguès, lui, n'eut plus qu'à espérer que ce qu'il avait mis en place allait fonctionner et à se préparer à entrer une fois de plus en conflit avec son frère même s'il pensait avoir agit de la sorte uniquement dans son bon intérêt.