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Lost Amnia, text #17


#17

Ténébos traversa le long couloir d'un pas déterminé pour se stopper net devant la chambre de Laudanum. Il marqua un temps d'arrêt comme s'il hésitait à faire quoique se soit et posa simplement sa main à plat sur la porte pour s'imprégner des vibrations qu'elle laissait échapper. Cette sensation de vide en lui, bien que fraîche, était douloureuse. Il aurait voulu entrer et partager la vie de sa sirène tel qu'il l'avait fait un milliers de fois auparavant. Mais il ne pouvait se résoudre à délaisser Junaled. Deux femmes, deux amours totalement différents entre lesquels il ne pouvait choisir. Junaled lui rappelait son humanité chérie et perdue par tant d'aspects et elle était si différente des femmes qu'il avait connues, bien plus proche de Marianne et Laudanum...que pourrait il dire de la femme qui l'avait aidé à devenir l'homme puissant qu'il était, l'avait toujours écouté, aimé, consolé et dissipé ses moindres doutes ? Brisé, il posa son front sur le bois dur et froid de la porte espérant de toutes ces forces qu'elle changerait d'avis rapidement, persuadé qu'il ne pourrait accepter cette situation bien longtemps. Constantinople l'observant de loin, fut touchée par la détresse de son ami qu'elle n'avait jamais vu aussi boulversé. Lorsque celui-ci, résigné à ne finalement pas réagir pour le moment de peur d'aggraver la situation, reprit sa route et fut hors de portée de ses yeux, elle alla trouver sa soeur pour lui en faire part.

"Je n'avais jamais vu Ténébos dans un tel état."

Laudanum releva la tête pour observer sa cadette, alors qu'elle rangeait robes et chaussures disséminés ça et là un peu partout sur son lit. Elle s'interrompit quelques secondes, profondément affligée de savoir qu'elle pouvait être la raison d'une si grande tristesse chez lui.

"Peut être devrais tu reconsidérer votre rupture ?"
"Non, il apprendra à m'oublier avec le temps comme je le ferais moi même."
"Comment ferez-vous pour continuer à vous croiser sans jamais ressentir de malaise ni l'envie irrépréhensible de partager à nouveau les même gestes d'affection et le même lit ?"

Elle ne voulait pas y songer. Bien qu'il était celui qui occupait la première place dans son coeur, elle avait réagi froidement, fachée de découvrir qu'elle n'était plus le principal centre d'intérêt de son amant et qu'elle devrait désormais partager ses faveurs, elle qui avait toujours considéré sa présence à ses côtés comme un privilège pour lui malgré l'immense affection qu'elle lui portait. Cela serait difficile pour elle, il lui manquerait plus que tout : ne plus sentir ses mains caresser ses cheveux, ses lèvres étreindre son corps, ne plus voir ses yeux plongés dans les siens...mais elle ne pouvait pas concevoir un seul instant que ses sentiments ne soient plus uniquement tournés vers elle comme cela avait toujours été le cas.

"Je ne reviendrais pas sur ma décision."
"J'espère que tu n'envisages pas de quitter le manoir ? Je doute sincèrement qu'Arguès l'accepte ; il tient à toi comme à chacun d'entre nous ici. Et retourner vivre parmi les humains serait trop compliqué et trop risqué à cette époque."

"J'aime cet endroit, il est rempli de tant de souvenirs..." lui répondit-elle un léger sourire aux lèvres tandis qu'elle carressait affectueusement le menton de sa soeur.

Un peu plus tard, ils se croisèrent au détour d'une pièce. Ténébos, non enclin à souffrir davantage et chargé de cartons et boîtes diverses feignit de ne pas la voir ce qui eu pour conséquence de vexer un peu plus encore Laudanum, bien qu'elle comprenait aisément qu'il puisse lui en vouloir considérablement. Elle hésita quelques secondes et choisit finalement de rebrousser chemin pour le rattraper. Elle n'aimait pas la façon violente dont les choses s'étaient déroulées la dernière fois et elle voulait le lui faire savoir avec plus de délicatesse.

"S'il te plaît !" lui dit-elle tout en l'attrapant par la taille.

Il s'arrêta immobile, sans dire un mot, attendant simplement qu'elle ait finit de dire ce qu'elle avait à lui dire, aspirant à ce que ce moment soit le plus court possible.

"Je ne voulais pas cela."

Il eu du mal à réaliser ce qu'il venait d'entendre. Il posa ses paquets au sol et se retourna ; elle semblait confuse, partagée, ne sachant réellement que dire.

- Pourquoi m'as tu rejeté ainsi ?

Cette question résonnait de façon terrible dans sa tête. Elle ne sut quoi lui répondre, ne trouvant pas les mots adéquats, pour une fois, pour exprimer ce qu'elle ressentait sans être blessante. Pourtant il devrait être le premier à comprendre, lui qui supportait à peine que d'autres hommes puissent la toucher même si tout cela n'etait qu'un jeu. Il l'enlaça tendrement dans ses bras comme pour lui dire ce n'est rien, je te pardonne mais elle recula aussi sec.

"Non. Rien n'a changé. Je ne veux pas être une parmi d'autres !"
"Je ne l'abandonnerais pas, j'ai besoin d'elle tout autant que j'ai besoin de toi !"
"Soit !" lui rétorqua-t-elle irritée, se libérant de son emprise.

Laudanum voulu retourner à ses activités mais le vampire ne l'entendait pas de cette manière. Il la plaqua contre un mur, humant le parfum de son corps et de ses cheveux, ses mains se balladant sous sa robe de tule beige. Elle se laissa faire, envahit par cette onde de chaleur que son corps ressentait chaque fois qu'il la touchait. Mais la seconde suivante il fut plus entreprenant, lui soulevant et ramenant sa cuisse gauche au niveau de sa taille pendant que ses lèvres glissaient doucement vers ses seins et qu'elle ne commençait à frémir de plaisir. Elle le repoussa sèchement.

"Non non non!"

Furieux qu'elle ne le rejete ainsi une seconde fois alors qu'il pensait la voir revenir sur son choix, il lui saisit une mèche de cheveux qu'il tira vers lui, amenant son visage tout près du sien, et voulu lui témoigner toute sa colère à son égard mais il ne put se résoudre à la menacer. Il suffisait d'un mot de sa part pour qu'il oublie tout ce qui venait de se produire et il n'attendait que cela mais la sirène semblait à deux doigts de riposter à ce qu'elle considérait presque comme une attaque ; ses cheveux en mouvement venaient se cogner sur le jeune homme comme pour le convaincre de ne rien tenter d'irréfléchi, alors il prit sur lui de passer son chemin, se focalisant uniquement sur le réconfort qu'il pourrait trouver auprès de Junaled et la joie qu'elle ressentirait quand elle découvrirait ce qu'il s'apprétait à lui offrir. C'était la seule chose à laquelle il voulait songer à ce moment précis, son esprit se persuadant de lui même que cette situation de tension entre lui et la sirène ne serait de toute façon que passager ; il ne pouvait en être autrement.

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