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Lost Amnia text 02


#02

Je me suis réveillée, la tête lourde, envahie d'une impression de cauchemar affreux m'encerclant de toutes parts, mais je réalise maintenant que tout cela était bien réel. Me voici prisonnière, je ne sais où, je ne sais pourquoi, à la merci de je ne sais quoi. Tout ce que je peux en deviner c'est que rien d'humain ne réside ici. La morsure de ma cheville a totalement disparu, je ne m'explique pas comment. J'ai du m'évanouir car je n'ai aucun souvenir de ce qui a pu se passer après avoir senti cette main me protéger. La lumière traverse péniblement les failles que le temps a creusé entre les vieilles pierres et je discerne difficilement une pièce abandonnée et moisie à l'état de ruine. Suis-je vivante ? suis-je morte ? J'ai la sensation d'être arrivée en enfer.


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La porte s'ouvrit en un long grincement et il apparu dans l'entrebaillement. Le jeune homme avait la beauté d'un dieu, que des yeux rouges et fatigués trahissaient. Sa chevelure courte noire comme les ténèbres encerclait un visage au sourire juvénile qui lui donnait l'apparence d'un très jeune homme. Pourtant ses épaules et ses mains étaient baties comme celles d'un homme, pas d'un enfant. Ses vêtements rappellaient ceux de la bourgeoisie du 19eme siècle ; soignés, brodés mais sales et poussiéreux. L'homme semblait captivé par la prisonnière, il la dévisageait avec insistance comme s'il découvrait quelque chose de surprenant et qu'il l'avait enfin à portée de main pour la première fois de sa vie. Il s'avança vers elle et elle fut effrayée par la vitesse à laquelle il se déplaca. En un battement de cils à peine, il s'était retrouvé près d'elle, lui faisant face et la dévisageant toujours plus. Elle eu un geste instinctif de recul mais la pensée qu'il ne chercherait pas à lui porter préjudice la gagna petit à petit. Etait ce qu'elle pensait réellement ou ce qu'il lui suggérait lui en silence ? Elle reconnut le parfum de la main salvatrice qui l'avait épargné la veille. C'était donc lui qui lui avait porté secours au milieu de ce chaos incompréhensible dans lequel elle s'était retrouvée plongée.
Elle revint vers lui, à la fois confiante et méfiante. A travers les barreaux, il lui caressa la joue du bout des doigts, sa main était froide comme la glace et dure comme le métal. Il plongea ses yeux dans les siens et elle eu l'étrange sensation qu'il aspirait son âme ; elle se sentit terriblement attirée par lui. A ce moment là, une frêle jeune femme surgissant de nul part lui aggripa le bras. Son visage libérait un tel degrès de tristesse et d'ennui qu'elle en fut un court instant presque touchée, déboussolée. Elle avait l'apparence d'une petite poupée fragile, abandonnée et délaissée. Elle lui murmura quelques mots à l'oreille avant de lui lancer un regard froid et de promener une langue rouge vive sur ses lèvres charnues.

"Nous ferions mieux de ne pas rester ici. S'il venait à l'apprendre, il serait furieux et je n'ai pas envie d'affronter une énième fois sa colère. "

Il se libéra de son emprise, la repoussant d'un geste brusque...ce qui sembla visiblement la vexer car elle se mit à montrer les crocs comme une bête.

"Je n'ai que faire de ce qu'il pense."

Il amena le visage de la jeune prisonnière au sien et l'embrassa sur les lèvres. Elle ne put résister, quelque chose en lui avait envahi son corps tout entier, une sensation dure et douce à la fois, répugnante et envoûtante. Il buvait son âme en une étreinte qui lui sembla durer un temps infini.

" Tu seras mienne" dit il lâchant un sourire doux à son égard.

Puis il fit marche arrière et quitta la pièce suivi de la jeune femme au visage dépressif qu'il aggripa violemment à la nuque comme pour la punir d'avoir osé le toucher.

Retrouvant ses esprits, elle essaya de comprendre pourquoi elle n'avait pas essayé de lutter et quelle créature était capable d'un tel pouvoir de persuasion sur un humain. L'idée d'être considérée comme un jouet à la merci de cette chose l'effraya, pourtant elle restait persuadée qu'il était bien celui qui l'avait sauvé. Qu'allait il faire d'elle ? Et quand comprendrait elle enfin ce qu'elle faisait là. La faim et la soif la tiraillaient et ses nerfs, mis à rude épreuve, lui faisaient de plus en plus faux bond.


Quelques heures plus tard, la jeune femme au visage de poupée revint, munie d'un plateau de nourriture qu'elle posa près de la cage.

" Ne penses pas une seule seconde qu'il puisse t'aimer. Tu n'es qu'un très joli faire-valoir à ses yeux. Ténébos n'a jamais eu de sentiment pour qui se soit excepté peut être sa précieuse Laudanum, la seule qu'il estime à la hauteur de sa personne."

La jeune captive, attrapa vivement l'assiette à travers les barreaux avant de la redéposer aussitôt. Ce qu'elle contenait lui souvela le coeur ; des os partiellement couverts de chair et de peau qui n'avaient rien d'animal baignant dans une marre de sang.

"Autant t'habituer tout de suite même si je doute qu'Arguès tolère les caprices de son frère. Tu finira probablement toi aussi au fond d'une jolie assiette."

Sur ces mots cruels, elle quitta la pièce. Horrifiée, la prisionnière repoussa le plateau du bout de ses pieds le plus loin possible hors de sa vue.

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