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Lost Amnia text 04


#04

Psychologiquement et physiquement épuisée, elle dormit sans interruption jusqu'à la nuit suivante, ni la faim ni la soif n'aurait pu la réveiller jusqu'à cette main caressant ses cheveux qui la fit sursauter. Ce n'était autre que la main de Ténébos. Depuis combien de temps était il là à l'observer ? Elle l'ignorait. En revanche impossible de ne pas remarquer les hématomes et les griffes qu'il avait au visage et sur les bras, là où les manches de sa chemise étaient ouvertes.

"Que vous est il arrivé ?"

Il ignora sa question et s'allongea sur le lit, à ses côtés.

"Vous...vous êtes battu pour que je puisse rester ici, c'est cela ?"

Cette deuxième question resta elle aussi sans réponse.

"Je ne suis pas assez forte pour endurer cela tous les jours. Ces chants qui ressemblent plus à des douleurs atroces qu'à des mélodies, ces grognements, ces murmures...je ne pourrais pas les supporter. Vous, vous pouvez mettre fin à ma vie rapidement et sans souffrance, je sais que vous le pouvez. Le suicide est contraire à ma religion, je serais damnée pour cela."
"Je t'offre la vie et tu me réclames la mort ??"
"Quelle vie ?"

Son visage se durcit, ses traits se creusèrent, le rendu était aussi impressionnant que terrifiant pour un visage habituellement si charmant. En une seconde il se redressa et empoigna sa gorge d'une main ferme. Lui ôter la vie était en effet d'une facilité, il n'avait qu'à serrer fort, jusqu'à lui briser la colonne vertébrale et tout serait fini.

"Est ce cela que tu veux ? Est ce bien cela ?"
"Vous m'avez condamnée à une vie d'otage pour votre plaisir personnel. Pourquoi devrais je lutter pour survivre ?"
"Parce que tu as de l'importance pour moi !"
"Mensonge ! Je ne suis qu'un jouet pour vous, ma vie n'a aucune valeur si ce n'est celle de vous divertir."

Il prit sa réponse pour un affront et resserra plus fort l'étau de sa main sur sa chair. Sa colère avait changé son visage en un rictus affreux. Elle le frappa de ses poings tant sa colère était grande, il fallait que tout cela sorte et s'exprime. Mais elle n'était pas prête. Même si l'idée d'affronter ce stress quotidiennement la désolait, elle ne pouvait se résoudre à simplement disparaître.

"...non...je ne veux pas..."

Il retira sa main de sa gorge ; elle toussa pour retrouver son souffle. Quelques secondes a peine et son visage était redevenu celui qu'elle avait toujours vu, doux et inoffensif.

"Toutes ces années passées...les humains me paraissent si compliqués aujourd'hui."
"Depuis quand êtes vous mort ?"

Il sembla surpris de cette question.

"Je sais ce que vous êtes...le pouvoir de persuasion, le malêtre à la lumière du jour et ces hématomes qui se résorbent presque à vue d'oeil. Dans ma cutlure on vous appelle vampire ou goule."
"Je suis mort il y a tant d'années, quelques jours après mon frère."
"Et qui vous a....transformé ?"
"Mon frère. J'étais malade, condamné, rongé par la syphilis que mes hobbies de mauvaises moeurs ne m'avaient pas épargné. Mon frère a maudit son âme pour pouvoir me sauver. Quelques jours plus tard, il m'a permis de poursuivre mon existence mais sous une autre forme."
"Et qui est cette femme sur le tableau ?"

Elle désigna une peinture accrochée au mur, il y était peint le portrait d'une jeune femme aux cheveux longs chatains ramenés en chignon et à la peau blanche comme le lait. Ce portrait semblait avoir de la valeur pour lui, il était recouvert d'un film transparent comme pour en protéger la surface de l'usure du temps.

"La femme que je devais épouser."
"Qu'est elle devenue ?"
"Arguès...mon frère l'a tué."

Junaled essaya de comprendre.

"Qui mieux que celle qui partage votre vie voit les changements s'opérer en vous jour après jour ? une peau qui supporte mal la lumière du jour, un estomac qui ne peut plus se satisfaire de la nourriture habituelle et la crainte d'être découvert et brûlé vif....J'ai été celui qui a trompé et je suis celui qui a pu renaître de sa propre mort..."

Ces mots semblaient faire ressortir de la nostalgie et de la culpabilité chez le vampire...comme les brides d'un passé lointain qu'il n'avait pu emmener avec lui dans son immortalité maudite.

"Pourquoi m'avoir choisi ? Qu'y a t il derrière ces portes ? Dîtes le moi !"

Ses yeux le suppliaient de lui apporter des réponses. Elle avait besoin de comprendre.

"Il y a des vérités qu'il vaut mieux taire à jamais et celles-ci en font partie."

Il l'attira à lui, elle s'allongea dans ses bras, posant sa tête sur sa proitrine. Une fois de plus, ce n'était pas ce soir qu'elle comprendrait comment tout cela avait pu arriver. Mais quelques secondes plus tard, qq'un frappa à la porte. Ténébos se redressa en une fraction de seconde et tout en se dirigeant vers celle-ci, il ordonna à June de ne pas bouger.

"Que désires-tu ?"
"Mon cher, mon tendre, nos jeux nocturnes me manquent."
"Pas cette nuit."
"Serais tu entrain de profiter de ta nouvelle compagne ?"

Ténébos eu beau se maintenir dans l'ouverture lui barrant le passage, en quelques mouvements à peine, elle avait réussi à se glisser dans la pièce tout en l'esquivant. Ce que vit June, elle ne pourrait précisément le dire. Une jeune femme aux cheveux de feu qui voguaient dans les airs comme des miliers de serpents dansant autour de sa tête et de ses épaules. Son visage ressemblait à celui d'une fleur, paré de couleurs intenses, mais ses yeux libéraient quelque chose d'horrible. Son corps aux courbes parfaites était nu, simplement recouvert d'un voile et des miliers de cliquetis s'échappaient en coeur de ses bijoux. Elle s'avança vers elle et entreprit de lui caresser le visage mais Ténébos attrapa sa main in extremis et lui répéta fermement :

"Pas cette nuit !"
"Je suis sure que nous nous amuserions beaucoup avec celle-ci."

Laudanum entama quelques notes d'une chanson mais Ténébos la saisissa à son tour à la gorge tout en appuyant sur les cordes vocales de la créature pour l'empêcher de chanter et la forcer à faire marche arrière vers la porte. Elle ne sembla guère très appeurée, elle souriait même. Elle embrassa le vampire avec passion avant de disparaître dans l'obscurité la plus complète.

"Demain peut être..."
"Dis aux autres qu'il ne leur est pas permis de la toucher ! Pour aucun d'entre vous ! Pas même toi."

Il retourna s'allonger près de June qu'il l'enlaça et ferma quelques instants les yeux. Ténébos aimait particulièrement les soirées mondaines que les riches réalisaient entre eux pour se complaire dans leur abondance pécunière et matérielle. Il aimait se pavaner parmis les bourgeoises humaines qui n'avaient de cesse de vanter sa beauté et la grande finesse de ses traits. Mais cette nuit là, contre toute attente, quelque chose avait attiré son regard, quelque chose qu'il n'avait pas vu depuis très longtemps.

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