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Lost Amnia text #06


#06

Junaled ramena quelques livres de la bibliothèque sur le canapé. Elle avait repéré quelques ouvrages traitant de la mythologie à travers le monde et elle espérait bien, grâce à cela, en apprendre davantage sur son protecteur et ceux qu'il appellait "famille". Mais au retour suivant, elle se stoppa, nette, constatant que la porte de la chambre était ouverte. L'un d'entre eux était là, avec elle, dans la même pièce. Elle sentit un souffle chaud sur sa nuque. Sous la surprise, elle lâcha les livres qu'elle tenait et se retourna. Son corps se figea en aperçevant une créature aux cheveux d'or ; de la même couleur que ceux de la superbe femme qu'elle avait aperçue la dernière fois, ici même. Constantinople lui fit un grand sourire ; son visage semblait si cruel que Junaled en fut paralysée. Elle essaya de prendre sur elle pour ne pas paniquer et sentit son coeur palpiter comme jamais mais craignait trop que le moindre geste ou mot de sa part pour se sentir mieux ne soit perçu comme une provocation.

"Alors c'est toi Junaled ? La Junaled tant protégée ?"

Elle ne répondit pas.

"Je me demande bien ce que tu peux avoir de spécial...je ne te trouve pas particulièrement différente."

Constantinople fit plusieurs fois le tour de la jeune femme pour l'observer sous tous les angles et comprendre pourquoi son ami défendait cette chose avec tant d'autorité au sein de leur groupe. Junaled quant à elle, la suivait du regard, priant fort, très fort pour que Ténébos n'arrive dans la minute suivante. Elle se sentait désamparée à l'idée d'affronter, seule, cette créature dont elle ignorait tout. La nuit tombait, il allait la rejoindre, ce n'était qu'une question de temps.

"Tu sais tu n'es pas la première et tu ne seras surement pas la dernière...il y en a eu d'autres. Poses toi la question...que fera-t-il de toi quand les premières rides apparaîtront et faneront ton beau visage ?" dit-elle en ricanant. "En fait, peut être n'auras-tu pas à attendre si longtemps pour le savoir..."

Junaled recula d'un pas et tenta de se protéger comme elle put, mais à peine la sirène avait elle fini ses mots, qu'elle lui griffa violemment la joue.

"Je me demande combien de temps tu vivras encore maintenant." lui sussurra-t-elle à l'oreille pendant qu'elle essayait de supporter la douleur en silence, de sa chair meurtrie.

La sirène quitta la chambre en dansant et en lui souriant. Junaled s'écroula à genoux sous le sol. La douleur était terrible, comme une sensation de décharge éléctrique lui lançant la joue. Elle pleura.

Ténébos n'arriva que plus tard, bien plus tard et l'aperçut sur le sol ; en état de choc, attendant son retour sa main tenant sa joue. Il courut vers elle en essayant de comprendre ce qui avait bien pu se produire. Il aida la jeune femme à se relever et aperçu son visage en sang.

"Qui t'as fait cela ?"
Elle essaya de lui répondre mais dès qu'elle bougeait les lèvres, les mots résonnaient comme des coups de couteau dans sa bouche.
"...cheveux dorés..."
"Celle qui était ici, avec nous, l'autre jour ?"

Elle secoua la tête d'un non.

Il ne pouvait s'agir que de Constantinople. Il souleva Junaled par la taille et l'amena dans la salle d'eau, lui retira ses vêtements et la plongea dans un bain tiède. Junaled ne le regardait pas, elle gardait ses yeux baissés, comme si elle craignait sa réaction, comme si elle craignait que par cet incident, il ne la rejete désormais. Celui-ci prit une serviette qu'il mouilla et commença à nettoyer doucement sa plaie. Junaled tenta de toucher sa joue pour constater l'ampleur des dégâts mais il retint sa main. Elle attrapa alors un petit miroir posé sur le rebord et s'observa. A la vue de sa joue partiellement déchirée, elle eu la nausée. La sirène l'avait totalement défigurée. Elle repoussa le vampire et se recroquevilla la tête dans les bras, posés sur ses genoux. Il fut touché par sa détresse et promena affectueusement sa main sur son dos et ses bras puis se mordit le poignet qu'il lui tendit ensuite. Elle releva la tête et le regarda sans comprendre.

"Bois. Ta blessure est fraîche et mon sang la fera disparaître."

La chose était tentante, cependant, l'idée de souiller son âme en buvant le sang du vampire ne l'enchantait guère. Mais la créature avait raison ; maintenant que sa beauté naturelle était entâchée, combien de temps encore Ténébos lui témoignerait il de l'attention. N'était elle pas condamnée à mourir maintenant ? Que voulait elle vraiment ? Elle qui commençait à reprendre des forces, se sentait à nouveau abbatue, perdue...

Elle amena avec réticence le poignet du jeune homme à sa bouche, hésita quelques secondes puis se mit à boire. A la première gorgée qu'elle avala, elle eu un haut le coeur, le goût atroce du sang coulant dans sa gorge la répugnait. Comment faisait-il pour se nourrir ainsi se demanda-t-elle.

"Il faut boire plus."

Elle but avec dégoût, se persuadant que c'était la seule option possible. Ténébos eu du mal à cacher l'excitation qu'il ressentait en la voyant. Quand elle eu finit, il vida la baignoire, essuya délicatement son corps, appréciant ses jolies courbes et la prit dans ses bras pour l'amener dans son lit où Il la coucha et la borda.

"Demain il n'y paraîtra plus."

La jeune femme apathique, encore à demi choquée, lui caressa le visage du bout des doigts comme pour l'en remercier. A cet instant Ténébos comprit que son attirance pour cette femme n'était pas que physique, quelque chose en elle le touchait, peut être sa fragilité ou encore la sincérité de ses gestes et ses mots, des sentiments qu'ils avaient presque oubliés ; lui qui aimait se pavaner et se faire complimenter dans un monde baigné d'apparences et d'hypocrisie.

June s'endormit, comprenant enfin comment sa blessure à la cheville le premier soir avait pu ainsi disparaître. Elle ne l'avait pas imaginé, elle avait simplement déjà bu son sang.


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Les portes s'ouvrirent et claquèrent violemment sur les murs en pierre sous la force de son geste. Ténébos, furieux, entra dans la chambre de Constantinople et lui lança un regard rempli de colère.

"COMMENT AS TU OSE ? JE VOUS L'AVEZ POURTANT INTERDIT ! A TOUS !"

Il se précipita sur la sirène et planta ses crocs dans sa nuque tout en la maintenant d'une poigne de fer.

"Noooooon !"

La sirène lui asséna de violents coup de pieds et poings pour se libérer.

"Ce n'est qu'une humaine ! Je la dévoverais s'il me plaît !"
"N'essayes même pas. Tu es peut être forte mais pas assez pour m'affronter !"

Il relâcha la jeune femme qui continuait de le frapper au visage, au torse et aux jambes.

"Tu es prévenue !"
"Pourquoi la préferes-tu à nous ? Pourquoi ?"
"Parce qu'elle m'apporte quelque chose qu'aucune d'entre vous ne peut m'apporter. Ma chair et mon coeur sont morts depuis si longtemps...sais tu ce que cela fait d'avoir une âme vide ? abandonnée de sentiment, abandonnée d'émotion ? Le sais tu ? hurla-t-il. "Ne l'approches plus jamais !"

Un instant Constantinople regretta d'avoir provoqué Ténébos en tentant de dévisager Junaled. Elle était impulsive, désobéissante, elle le savait et peut être que cette fois-ci elle avait fait le geste de trop. Pour elle, Junaled n'était qu'une humaine parmi les autres. Jamais elle n'aurait pu imaginer l'importance qu'elle pouvait avoir pour Ténébos. Arguès ne se plaignait jamais de sa condition...mais son frère et lui étaient si différents...Ténébos était d'un naturel si enflammé. Elle se leva et couru derrière pour l'enlacer de ses bras.

"Pardon."

Ténébos fut surpris, c'était bien la première fois qu'il voyait la sirène s'excuser. Il posa ses mains sur les siennes en signe de compréhension mais n'en fit pas davantage et quitta rapidement la pièce avant que sa colère ne le pousse à être davantage violent.

"Je ne dirais rien à Arguès, June n'en gardera aucune trace."

C'est aux côtés de Laudanum qu'il passa le reste de la nuit, cherchant le réconfort auprès de son âme soeur qui savait aussi bien apaiser ses peines que satisfaire son appétit sexuel.

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